L’Atlantide © DR

L'Atlantide

2000

Michel Kelemenis

Opéra de Marseille

Un drame lyrique et chorégraphique en 2 actes, d’après le roman de Pierre Benoît de l’Académie Française musique de Henri Tomasi / livret Francis Didelot

"Le compositeur Henri Tomasi et le librettiste Francis Didelot qualifient l’Atlantide de drame lyrique et chorégraphique. Le 1er effet de ce choix est la transcription singulière du rôle d’Antinéa que l’académicien Pierre Benoit fait descendre de Neptune : déesse, elle ne parle pas la langue des hommes. Par une insolente pirouette, elle danse donc, et tout s’exprime sur les 2 modes chanté et dansé !

Antinéa -on m’excusera la légèreté de la formule- est une femme mûre, comme en témoigne le nombre d’amants avec lesquels elle a passé de quelques semaines à quelques mois. Chargé de cette question, j’ai rencontré Anne Martin, héroïne contemporaine des créations de Pina Bausch durant 12 ans. 
Qu’a-t-elle ? Enveloppée d’une aura aussi forte que calme, elle s’impose en silence. 
Qu’espérer de mieux pour une reine ? D’être belle peut-être. Elle l’est, superbe !

Comme le sont les 15 artistes en scène à ses côtés. 
Des hommes, quatre chanteurs et huit danseurs incarnant touareg, démons ou encore militaires-explorateurs transis font face à quatre femmes. Deux servantes jumelles et une princesse-esclave entourent la première : Antinéa. Pour la partie chorégraphique, la compagnie rassemble donc onze danseurs.

Entendue aujourd’hui, la musique d’Henri Tomasi pour cet opéra convoque sans détours le milieu du XXème siècle. Récitatifs tendus qui ne laissent que peu de place à de timides arias, accents de musiques de films, phrasés de jazz… le son appartient à l’ère moderne alors que la forme alternée de scènes et d’interludes musicaux semble plus ancienne.

Aussi, avec Henri Gallois qui dirige ici l’Orchestre Philharmonique de l’Opéra de Marseille, nous avons, dans un désir de fluidité, fait le choix d’interludes courts, accompagnant souvent la transformation à vue de l’espace scénique, corollaire du thème du dédale employé simultanément comme artifice de circulation d’une scène à l’autre, comme rituel d’approche du lieu emblématique -la chambre d’Antinéa- et enfin, comme parabole de l’esprit qui se perd." 

Michel Kelemenis, octobre 2000

Distribution

Mise en scène et chorégraphie - Michel Kelemenis 
Direction de l’Orchestre philharmonique de l’Opéra de Marseille - Henri Gallois
Interprètes - Antinéa Anne Martin, Tanit-Zerga Inva Mula, St-Avit Luca Lombardo, Morhange Marc Barrard, Céghir Jean-Philippe Courtis, Le Mesge Georges Gautier
Touaregs, servantes, musiciens, danseuses, danseurs - Séverine Bauvais, Jeanne Vallauri, José Maria Alves, Jean-Vincent Boudic, Marc Lacourt, Christophe Le Blay, Long Le Vu, Florent Otello, Emmanuel Soulhat, Christian Ubl
Scénographie et costumes - Yves Cassagne 
Lumière - Manuel Bernard

Production

Opéra de Marseille

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Libération Dominique Allard

6 oct. 2000

La Bataille de l’Atlantide
Comme pour Hernani, l’Atlantique, opéra moderne d’Henri Tomasi, suscite des polémiques. Il y a les pour et les contre. Les contre persiflent : mise en scène sans relief, musique de péplum, chef d’orchestre endormi, voix forcées danseuses débutantes, décors anodins. Les pour félicitent : musique lyrique et moderne sur une partition très difficile menée avec maestria par Henri Gallois, mise en scène habile de Michel Kelemenis qui joue d’égale façon sur le ballet, rehaussé par la présence d’Anne Martin et les chanteurs dont la divine Inva Mula, chanteurs qui ont tous mis leurs cordes vocales sur scène, dans un décor désertique réduit à sa plus simple expression que seules les lumières font vivre, mais au Sahara seule la lumière compte. 
Pour ou contre L’Atlantide, l’art n’est pas une science exacte mais grâce au vent du Hoggar apporté par Tomasi un air nouveau souffle sur l’opéra.